MAJETSCHAK Stefan (éd.), BOEHM
Gottfried, Romain DEYGOUT et alii, Auge und Hand Konrad Fiedlers
Kunsttheorie im Kontext, Wilhelm Fink Verlag, Munich, 1997, 407 pages, en
allemand. Ce volume présente les deux axes de la pensée de Konrad Fiedler (1841‑1891), théoricien et critique d’art de première importance pour la culture allemande. Sur le plan théorique, Konrad Fiedler établit l’indépendance de la création artistique par rapport à la Nature ‑ l'Art n’imite pas ‑ et par rapport à la philosophie et aux sciences ‑ l'Art est intuition.
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Deux organes reçoivent donc une fonction privilégiée dans la création artistique : l'oeil perçoit, « traduit" le monde en une vision personnelle ‑ la main crée, n’est pas un organe de reproduction, mais est habitée d'une vie propre. Cette nouvelle impulsion donnée à l'esthétique allemande influencera Georg Simmel, Ernst Cassirer et Paul Klee. Dans le domaine de la critique d'art, Fiedler utilise les concepts de Charles Baudelaire. Toutefois, Fiedler poursuit son action de libération de l’Art. Fiedler souligne le danger d'un art au service d’une politique, même progressiste, et condamne la grandiloquence de Delacroix, modèle de Baudelaire, ainsi que Baudelaire lui‑même pour sa soumission au mythe de la ville, symbole du Second Empire, fondateur du capitalisme français. Fiedler oppose donc à Delacroix le modèle du peintre rural Léopold Robert, pour sa sobriété. |
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Le volume met en évidence la cohérence de l’oeuvre de Konrad Fiedler : il s'agit de libérer, sur le plan théorique, l'Art de sa subordination à la prétendue vérité de l'abstraction et du concept, qui ne sont pour Fiedler qu'idéologie, et sur le plan historique, de s’affranchir de sa soumission à la masse. Le regain d'intérêt pour Konrad Fiedler en Allemagne répond à nos interrogations face à la faillite des pensées systématiques et à la restauration actuelle de l'Art comme réponse possible. |